Les obligations des pays émergents et des pays frontaliers peuvent offrir une valorisation très intéressante aux investisseurs qui sont prêts à explorer tout leur potentiel, déclare Witold Bahrke, Senior Macro & Allocation Strategist chez Global Evolution, une société de gestion de Generali Investments. En particulier, les marchés frontières peuvent jouer un rôle intéressant dans les portefeuilles obligataires, étant donné leurs rendements élevés combinés à une faible duration.
Malgré les défis posés par la faible croissance mondiale, les politiques d’assouplissement quantitatif créent un terrain fertile pour les rendements positifs des obligations des marchés frontières et émergents et, qui devraient surperformer les obligations High Yield des marchés développés.
La combinaison d’un risque macro-financier réduit et d’une amélioration de la croissance ainsi que de l’inflation laisse présager de meilleurs profils risque/rendement pour les obligations des pays émergents, ce qui peut contribuer à compenser le ralentissement de la croissance en Chine.
Les marchés frontières offrent des rendements élevés avec une volatilité relativement faible, en partie grâce à des facteurs tels qu’une duration plus faible et un nombre d’investisseurs locaux importants, ce qui permet de se prémunir contre les risques géopolitiques et d’inflation, mais aussi d’améliorer la liquidité en période de tensions financières mondiales.
Le cycle économique s’infléchit, il ne s’interrompt pas
Chez Global Evolution, nous nous concentrons exclusivement sur la dette des marchés émergents. Notre approche d’investissement est une approche active, basée sur la conviction. Nous n’investissons que là où nous voyons un potentiel, prenant souvent des positions significatives au-delà de l’indice de référence lorsque nous sommes confiants. Nous sommes des pionniers de l’investissement dans les marchés frontières, où notre expertise unique, établie depuis 2010, est étendue et approfondie.
Au-delà des risques liés à l’élection américaine, un certain nombre de facteurs clés soutiennent actuellement un environnement remarquablement positif pour les marchés frontières et les marchés émergents. Tout d’abord, nous pensons que le cycle économique est en train de s’infléchir, et non de s’interrompre - bien que la croissance se ralentisse, nous ne prévoyons pas de récession au cours des prochains trimestres. Le taux neutre a augmenté, et le marché du travail américain reste solide, ce qui réduit la probabilité d’un ralentissement majeur. Cela dit, l’incertitude macroéconomique reste élevée, car les risques inflationnistes et géopolitiques persistent. Notre analyse des scénarios laisse entrevoir des résultats assez contrastés. Nous pensons donc que le véritable débat pour 2025 se situe entre reflation et récession, et non entre « goldilocks » et récession.
Pour l’instant, cependant, l’inflation a cessé d’augmenter, ce qui a permis aux banques centrales des pays émergents et des pays en développement d’entamer de vastes cycles de réduction des taux d’intérêt. Ce passage de politiques monétaires rigoureuses à des politiques plus accommodantes ouvre la voie à des conditions favorables dans les pays émergents. Malgré les défis posés par la faiblesse de la croissance mondiale en dehors des États-Unis, ces politiques d’assouplissement créent un terrain fertile pour les rendements positifs des obligations des pays émergents, qui devraient surperformer les obligations High Yield (HY) des marchés développés. Actuellement, les rendements sont particulièrement attractifs, les obligations en devises fortes des pays émergents offrant un rendement à l’échéance (YTM) de 7,7 %, ce qui représente un gain de rendement significatif par rapport aux obligations HY des pays développés.
Les marchés frontières offrent des rendements encore plus élevés, ce qui renforce leur attrait pour les investisseurs en quête de rendement. Les marchés frontières sont une classe d’actifs plutôt mal comprise ; bien qu’ils offrent des rendements élevés, ils sont souvent perçus comme trop risqués. Nous pensons que les chiffres indiquent le contraire : les marchés frontières constituent de bons instruments de diversification, offrant une protection contre les baisses en période de turbulences, sans pour autant sacrifier les hausses en période de marchés favorable
Les banques centrales des pays émergents ont pris de l’avance
À plus long terme, la situation structurelle des marchés émergents est encourageante. Dans l’ensemble, les fondamentaux macroéconomiques sont solides et le compromis entre croissance et inflation s’améliore. Les niveaux d’endettement extérieur ont récemment diminué et les balances des opérations courantes sont redevenues positives. En effet, les marchés émergents ont de plus en plus évité d’emprunter à l’extérieur en monnaie locale (voir graphique 1). En outre, l’endettement n’a augmenté que modérément en dehors de la Chine.
La politique économique est devenue plus rigoureuse dans les marchés émergents, les banques centrales ayant généralement pris de l’avance dans la gestion de l’inflation. Le contraste est marqué avec les marchés développés, qui ont, eux, connu une détérioration beaucoup plus importante des soldes budgétaires après la pandémie. L’orientation proactive de la politique monétaire dans les marchés émergents a permis à l’inflation de revenir aux niveaux d’avant la pandémie beaucoup plus rapidement que dans les pays développés (Graphique 2). La combinaison d’un risque macro-financier réduit et d’une amélioration structurelle de la croissance et de l’inflation laisse présager de meilleurs profils risque/rendement pour les obligations des pays émergents à terme. Cette dynamique est d’autant plus importante qu’elle peut compenser le ralentissement de la croissance en Chine.
Graphiques 1 et 2 : La politique économique plus rigoureuse pose les bases d’une amélioration du compromis croissance/inflation dans les pays émergents